« L’Union européenne, colonie du monde numérique »

Après l’écriture et l’imprimerie, Internet aura révolutionné le monde. Aujourd’hui, quelques grands acteurs privés non-européens dominent le web au point qu’ils deviennent rivaux des Etats. Se pose alors la question de la place de l’Europe dans cette nouvelle géographie. C’est dans ce contexte que j’ai présenté jeudi 21 mars dernier un rapport, fait au nom de la commission des affaires européennes intitulé « L’union européenne, colonie du monde numérique ». Dans ce texte, j’ai appelé à une prise de conscience politique des enjeux du numérique pour la souveraineté de l’Europe.
 
A mon sens, le numérique est, pour l’Union Européenne, à la fois un gisement de croissance et un enjeu de civilisation. L’UE l’a bien identifié puisqu’elle a fait de cet enjeu l’un des axes constitutifs de la « Stratégie numérique pour l’Europe. » Si l’UE tente de dégager le surplus de croissance par le biais de son Agenda numérique, là j’affirme qu’il manque une envergure politique alors que sont en jeu la souveraineté de l’UE et un nouvel enjeu de civilisation.
Après 6 mois de travaux et plus de 70 auditions, je suis convaincue de la nécessité d’appeler à une prise de conscience collective. L‘Europe est en passe de devenir une colonie du monde numérique; elle devient subrepticement dépendante de puissances étrangères et dans le même temps le sous-développement la guette.

Le numérique défie la vieille Europe : il ébranle la puissance économique traditionnelle, il se joue de l’impôt, des règles du droit… la souveraineté des Etats Nations varie en proportion de l’implantation respective des opérateurs Internet.

La faible présence de l’UE sur le web pose notamment deux questions : celle de la souveraineté de l’UE sur les données qu’elle produit en ligne, par exemple les données de paiement, et la survie de l’identité européenne dans un monde qui devient « tout numérique ».

Je pense que l’échelon national n’est pas pertinent pour appréhender la révolution numérique : seule l’Union Européenne a le poids nécessaire pour influer dans cette nouvelle géographie du cyberespace. Aussi, l’UE ne doit-elle pas être un simple consommateur dans le cyberespace mais plutôt une cyberpuissance dans le monde numérique.

Pour répondre à ce défi, le rapport que j’ai présenté comprend 30 propositions articulées autour de 2 objectifs : faire de la souveraineté numérique un objectif politique pour l’UE et faire de l’UE une opportunité pour l’industrie numérique européenne.

L’Europe, selon moi, est à la croisée des chemins. La crise financière l’oblige à faire le choix entre l’intégration et le chaos. Ce choix coïncide avec la révolution numérique. L’Europe ne peut se résigner au statut de colonie dans le monde numérique. Le web européen ne peut devenir une autoroute pleine de camions chinois transportant des marchandises américaines. J’espère que ce rapport contribuera à unifier l’Europe autour d’une vision politique et à lui donner une véritable ambition dans le monde numérique.

Retrouvez ici la synthèse de ce rapport ainsi que  l’ensemble des 30 propositions y figurant

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