RESTES HUMAINS : un statut est plus que jamais nécessaire …

La nouvelle est tombée hier soir : l’exposition parisienne « Our Body, à corps ouvert » est frappée d’interdiction et devra, suite à la décision du juge des référés, considérant qu’elle présente « une atteinte illicite au corps humain », fermer ses portes dans les heures qui viennent.

La raison de cette décision est l’origine, plus que douteuse, des restes humains, de vrais cadavres écorchés pour en voir les organes. Ces écorchés sont le fruit d’un travail de plastination, procédé mis au point par l’anatomiste allemand Gunter von Hagens, autrement surnommé le docteur de la mort.

Ces « pièces d’exposition » pourraient avoir fait l’objet d’un odieux trafic de corps de condamnés a mort chinois. C’est ce qu’a plaidé Maître Richard Sédillot, Avocat rouennais bien connu pour son combat, sans relâche, contre la peine de mort à travers le monde, dont je salue le travail et les convictions.

 A l’instar de la question des têtes maories qui, en leur temps, ont fait également l’objet d’un trafic monstrueux pour finir dans de nombreux musées à travers le monde, ce dossier pose, à nouveau, la question du statut, non résolu, des restes humains. Ils sont de différentes sortes : momies, ossements archéologiques, reliques, morceaux humains constitués en « oeuvres d’art » dans les musées et muséums (dont la provenance n’est pas toujours forcement très claire), organes ou embryons dans les laboratoires médicaux et pharmaceutiques des universités, dont on ne sait que faire …

La loi de bioéthique de 1986 stipule que le corps ne peut pas faire l’objet de trafic et, encore moins, de droits patrimoniaux. Cependant, elle est contredite par celle de 2002 sur les musées. Si bien qu’un flou juridique demeure.

Cela fait plusieurs semaines que je suis de près la procédure judiciaire à propos de « Our Body, à corps ouvert ». Cela m’a renforcée dans ma conviction qu’il y avait un vrai travail de fond à faire et une large réflexion à mener.

Certes, la proposition de loi que j’ai déposée sur la restitution des têtes maories à la Nouvelle Zélande doit, en principe, venir en discussion au Sénat avant l’été. Mais, plus largement, il faudra bien que la loi règle la question et sache prévenir, à l’avenir, toute opération attentatoire à la dignité humaine.

C’est ainsi que j’ai saisi officiellement le Président de la commission « Culture, Education et Communication » du Sénat pour lui proposer de conduire un rapport d’information sur ce sujet.

Dans le domaine culturel, certains conservateurs revendiquent, sans état d’âme, le droit de conserver et d’exposer ces restes. Ce qui justifie, aujourd’hui, la tenue de manifestations telles que « Our Body  » et c’est l’argument qu’utilise le commissaire de l’exposition.

Pour en savoir plus, lire :

La proposition de loi têtes maories

L’intervention de Catherine Morin-Desailly au Symposium international sur les restes humains

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