Travail dominical : la société doit se protéger d’elle-même

Revendication difficilement obtenue au 19ème siècle et consacrée par une loi de 1906, le repos hebdomadaire est un acquis social que le Gouvernement, par son souhait d’assouplir la législation du travail le dimanche, risque de remettre en cause. Aujourd’hui, le dimanche est par principe un jour de repos et des dérogations temporaires et permanentes sont déjà prévues en fonction d’impératifs économiques ou de considérations d’intérêt général. Les Français semblent majoritairement favorables au travail le dimanche, probablement en raison de l’intérêt financier que celui-ci représente et qu’on peut légitimement comprendre, notamment dans la période de crise que nous traversons.
Toutefois, c’est un leurre de croire que seuls travailleront ceux qui le voudront. Un salarié pourra-t-il vraiment dire non à son patron quand ce dernier le lui demandera ? Et celui qui a du mal à finir les fins de mois, renoncera-t-il à travailler le dimanche alors qu’il sera payé le double ? La France sera coupée en deux le dimanche, entre ceux qui travailleront et ceux qui profiteront de cette journée de repos pour s’adonner à des activités culturelles, sportives, religieuses ou familiales. Ce moment privilégié de repos, de partage, de détente ne sera plus pour beaucoup. Quand se retrouveront les familles dont la mère travaillera le samedi et le père le dimanche ? Faudra-t-il ouvrir les crèches pour que soient gardés les enfants de ceux qui travaillent ? Assurer davantage les transports en commun ? La vie familiale, notamment pour les familles recomposées ou les parents isolés, sera rendue plus compliquée tout comme l’organisation de manifestations sportives, culturelles, associatives, caritatives, des moments d’échange, de rencontre, de partage, de solidarité.
Economiquement, une telle décision sera préjudiciable au petit commerce de centre ville, au commerce de proximité déjà fragilisé par le développement des grandes surfaces. En outre, les achats réalisés le dimanche ne seront probablement que des achats reportés de la semaine au week-end. Plusieurs études montrent également que les emplois créés ne seraient que transférés de la semaine au week-end.
La société doit se protéger d’elle-même et d’une logique purement économique, matérialiste et consumériste. L’inscription de cette proposition dans le marbre de la loi serait une nouvelle brèche dans la solidarité nationale et la cohésion sociale, menaçant l’équilibre familial et sociétal. C’est au « mieux vivre ensemble » le dimanche qu’il convient de réfléchir. Préservons ce temps de liberté. 

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