Au lendemain du vote du conseil communautaire de la CREA sur la maîtrise d’ouvrage pour son nouveau siège, je suis consternée par la décision prise de se construire un véritable Palais. 12,5 millions d’euros d’autofinancement et 12,5 millions d’emprunt sur 20 ans, soit un total de 25 millions d’euros (hors taxes), voila ce que coûtera ce caprice des élus socialistes de l’agglomération.
Cette décision est incohérente et incompréhensible :
– Incohérente puisqu’elle va à l’encontre même de la politique socialiste menée par le gouvernement Valls qui annonce vouloir faire des économies. En effet, la réforme territoriale voulue par le chef de l’Etat propose de réduire le nombre de régions et à l’horizon 2020, de supprimer les départements. On peut supposer que la disparition donc programmée du Conseil général de Seine-Maritime, laisserait vacant l’Hôtel du département, puisque les agents territoriaux y travaillant actuellement devraient être réintégrés dans d’autres collectivités ayant pris les compétences des départements, et pourrait ainsi accueillir les agents de la future Métropole Rouennaise.
– Incompréhensible, au vue des diminutions annoncées des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales : 11 milliards d’euros, et non plus 10, comme cela était prévu initialement pour réduire le déficit de la France de 50 milliards d’ici 2017. En 2015, et dans les 2 années qui suivront, c’est une baisse considérable de près de 3,6 milliards d’euros par an que les collectivités territoriales vont devoir supporter.
A l’aune de ces chiffres, quelle collectivité territoriale dépenserait 25 millions d’euros pour se construire un siège digne d’un mini Bercy, dont l’investissement ne devrait être rentabilisé qu’au bout de 20 ans selon les propos mêmes du directeur général de la CREA, tenus dans la presse, il y a quelques jours.
Je rappelle que la Communauté d’Agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe se compose de 71 entités dont Rouen, la ville-centre et ses près de 114 000 habitants, de communes moyennes (entre 30 000 et 5 300 habitants) et 45 petites (de moins de 4 500 habitants). Or l’ensemble des budgets des collectivités vont être impactés par les diminutions drastiques de leurs dotations globales de fonctionnement versées par l’Etat. A l’heure où dans un document diffusé par Matignon, il est question d’ « encourager les comportements vertueux et renforcer les mécanismes de solidarité financière entre collectivités riches et défavorisées », le président de la CREA devrait aujourd’hui prendre la mesure des difficultés financières des communes de son territoire à qui l’on impose de nouvelles charges de fonctionnement (rythmes scolaires), de l’indécence d’un tel projet dans la conjoncture actuelle et se raviser de construire un « Palais à la gloire de la CREA ».
J’en appelle à la raison Frédérique Sanchez. Monsieur le Président, renoncez à ce projet pharaonique et mettez les moyens financiers qui devraient y être investis au service des projets des communes de notre territoire. C’est un très mauvais signal que vous envoyez aux collectivités locales mais également à nos concitoyens qui aujourd’hui ne peuvent comprendre de telles dépenses somptuaires dans le contexte que nous connaissons.