Le débat préalable à la réunion du Conseil européen des 19 et 20 mars 2015 s’est tenu hier soir au Sénat. Cette réunion du Conseil européen sera consacrée à l’Europe de l’énergie, aux relations avec la Russie et à la préparation du sommet du Partenariat oriental.
J’ai pour ma part souhaité alerter le gouvernement, représenté en la personne de M. Harlem DÉSIR, secrétaire d’État chargé des affaires européennes, sur la question du taux de TVA sur le livre numérique.
Vous trouverez ci-dessous ma question :
» Je souhaite évoquer la toute récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne enjoignant à la France de porter à 20 % le taux de TVA applicable au livre numérique, au lieu du taux réduit dont il bénéficie depuis janvier 2012.
Certes, ce sujet n’est pas inscrit à l’ordre du jour du prochain Conseil européen, mais il ne peut être passé sous silence, compte tenu de son importance pour nos industries culturelles.
Je rappelle que, sur l’initiative du Sénat, le législateur a considéré comme nécessaire d’appliquer le taux réduit de TVA au livre, quel que soit son support, afin de favoriser la diffusion accrue des œuvres d’expression européenne, face à la concurrence anglo-saxonne et le développement du marché unique du numérique.
Tel n’a pas été le sentiment de la Commission européenne sur le sujet, bien que la majorité des États membres se soient déclarés favorables à ce parallélisme fiscal.
Souvenons-nous que l’Allemagne elle-même s’est ralliée, en juillet 2013, à la position de la France sur le sujet. La perspective d’une modification de la directive TVA de novembre 2006 avait alors été envisagée, d’autant que, parallèlement à son recours, la Commission européenne avait déposé une consultation sur le taux réduit.
Je suis consternée par cette décision, qui paraît être à contre-courant de la stratégie politique en faveur du numérique, nécessaire pour relever les immenses défis qui sont devant nous. L’Europe doit évoluer sur ces questions fiscales, mais aussi se montrer beaucoup plus offensive quant à la nécessité d’une régulation concurrentielle, garante d’une véritable neutralité, s’appliquant non seulement aux réseaux mais aussi aux services et aux plateformes. Il faut bâtir un régime exigeant et réaliste des données personnelles, à l’heure du cloud, des objets connectés et du big data et mettre en œuvre une politique industrielle puissante.
Monsieur le secrétaire d’État, je vous avais déjà posé cette question lors du débat préalable au précédent Conseil européen : face à l’urgence que souligne cette récente décision, quelle stratégie le Gouvernement entend-t-il adopter pour avancer sur ce sujet difficile ?
Encore une fois, je suis consternée de constater que la question du marché unique numérique n’est abordée que par le biais d’une possible révision de la directive sur le droit d’auteur de 2001. Rien d’autre n’est envisagé au niveau européen ! Que peut-on faire ? Que comptez-vous faire sur ce sujet crucial ? «