En tant que Présidente du groupe d’études Médias et Nouvelles technologies du Sénat, j’ai souhaité la table-ronde sur l’avenir de la radio, qui a eu lieu le 15 janvier dernier. De nombreux acteurs de ce secteur se sont donc réunis, parmi lesquels : Laurence FRANCESCHINI (Directeur du développement des médias du ministère de la culture et de la communication culture et de la communication), Alain MÉAR et Rachid ARHAB (Membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel), Marc TESSIER (Président de Video Futur Entertainment Group et auteur d’un rapport sur la radio numérique terrestre), Bruno PATINO (Directeur de France Culture), etc. Cette table-ronde fut l’occasion d’un bilan d’étape sur la mise en place de la Radio Numérique Terrestre. Les jalons d’une réflexion plus générale sur l’équilibre du secteur ont, également, été posés. Pour ce faire, la table-ronde a été divisée en deux temps, avec un premier débat sur les évolutions attendues du paysage radiophonique français et un second sur les mutations technologiques et culturelles de la radio.
Il me semblait indispensable que le média radio soit enfin abordé de manière dissociée et indépendante de celui de la télévision. Aujourd’hui, force est de constater l’absence d’un projet de loi spécifiquement dédié à ce secteur, puisque jusque lors les dispositions légales prévues par le gouvernement pour l’avenir de la radio ont été ponctuelles et intégrées dans des textes relatifs à la télévision (loi relative à la télévision du futur en 2007 et loi relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de télévision en 2009).
Cette table-ronde a fait l’objet d’un compte rendu pour alimenter la réflexion des citoyens et des élus, qui est disponible sur le site du Sénat. D’ailleurs, vous pouvez retrouver ici les vidéos et ci-dessous mon discours d’ouverture de la table-ronde.
« Mes chers collègues, Mesdames et Messieurs les intervenants, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d’abord remercier chacun d’entre vous d’être venu pour aborder un thème qui nous passionne tous : celui de la vitalité de la radio, de sa place dans le paysage médiatique et des nécessaires évolutions qu’elle devra connaître pour rester le média de masse qu’elle est aujourd’hui.
En effet, 8 personnes sur 10 sont en contact quotidien avec la radio et le média radio est en tête des audiences médiatiques tous les matins. Il s’agit d’un média de référence, dont le sérieux est reconnu et dont les usages sont multiples puisqu’il est considéré à la fois comme un outil culturel majeur, un média de divertissement, et un espace de débat pertinent, notamment au niveau local, de nombreuses radio à vocation régionale ou infrarégionale irriguant notre territoire.
Mais elle connaît aujourd’hui de très nombreuses évolutions qui bousculent et l’équilibre du paysage radiophonique français et tendent à le fragmenter. Les mutations technologiques modifient notamment les habitudes culturelles des auditeurs et le modèle économique de la radio.
Ainsi l’audience globale a plutôt tendance à s’éroder, avec une meilleure résistance des radios généralistes que des radios musicales. Les supports évoluent avec l’émergence de l’écoute sur Internet, sur un baladeur multimédia ou sur un téléphone mobile. L’écoute en différé, pour laquelle le modèle économique n’est pas défini, constitue également une nouvelle donnée. Les usages se diversifient et font en partie éclater notre perception du média radiophonique.
Se pose également la question de la radio numérique, qui fera probablement l’objet d’un long débat aujourd’hui. Elle offrira un meilleur confort d’écoute, plus de choix aux Français et des données associées mais se heurte visiblement à des coûts de diffusion importants.
Je rappelle à cet égard que c’est le Parlement, à l’initiative d’Emmanuel Hamelin, qui avait introduit dès 2007 dans le projet de loi relatif à la télévision du futur une disposition prévoyant que « le Conseil supérieur de l’audiovisuel attribue une part significative des ressources hertziennes disponibles ou rendues disponibles par l’extinction du service analogique de télévision en bande III et en bande L pour la diffusion du service de radio numérique terrestre ».
En 2009 le législateur, dans la loi relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de télévision, a ensuite adopté une disposition visant à faciliter le déploiement de la radio numérique sur l’ensemble du territoire métropolitain. Il s’agissait de l’article 79 modifiant l’article 29-1 de la loi du 30 septembre 1986.
Je fais à cet égard deux constats :
– d’une part, le Parlement est très attaché au média radio et s’est fortement engagé pour favoriser le déploiement de la radio numérique terrestre. Les dispositions législatives relatives à la radio sont ainsi souvent issues d’amendements parlementaires ;
– et d’autre part, ces dispositions ont en général été intégrées dans un texte relatif à la télévision. Le média radio n’a jamais l’objet d’un texte spécifique et englobant l’ensemble de la problématique radiophonique.
Je le regrette et l’un des objectifs de cette table-ronde et du groupe d’études Médias e nouvelles technologies que j’ai l’honneur de présider, est précisément de donner au Parlement les bases d’une réflexion générale sur les enjeux de la radio et l’équilibre du secteur. Je crois qu’il est temps que les pouvoirs publics se penchent de manière sérieuse sur les mutations de la radio et les réponses réglementaires à apporter pour conforter sa place dans notre univers médiatique. Les deux rapports récents de MM. Marc Tessier et Emmanuel Hamelin sur la radio numérique et les radios associatives constituent des premiers pas importants.
Et je me réjouis encore une fois aujourd’hui d’avoir pu réunir autant de personnalités représentatives du paysage radiophonique français : des présidents de grandes radios nationales généralistes, d’information ou jeunes, de radios indépendantes, de radios associatives, mais aussi les conseillers du Conseil supérieur de l’audiovisuel chargés de la radio, qui jouent un rôle majeur de régulation, la direction du développement des médias, le diffuseur principal, et quelques grands connaisseurs de la radio qui nous ont fait l’honneur de venir.
La table-ronde sera divisée en deux moments avec un premier débat sur les évolutions attendues du paysage radiophonique français et un second sur les mutations technologiques et culturelles de la radio. Les différents intervenants ont donc été répartis sur les deux sessions mais chacun aura loisir de s’exprimer sur les différentes questions abordées et j’espère surtout que cette rencontre va favoriser le débat et l’interaction entre les intervenants et plus globalement entre l’ensemble des personnes présentes aujourd’hui. »