A travers un courrier adressé au préfet de Haute-Normandie ce jour, j’ai demandé au Ministre de l’Education nationale à ce que l’année scolaire 2013-2014 soit une année d’expérimentation de la réforme des rythmes scolaires, une année qui doit être suivie d’un large bilan à l’été prochain.
Un mois après la rentrée scolaire, la plus grande confusion règne toujours autour de la réforme des rythmes scolaires. De nombreuses inquiétudes et interrogations me remontent depuis plusieurs semaines à chaque réunion que je conduis au sein de mon département. Les élus soucieux de bien faire ne voient toujours pas de réponses concrètes et pertinentes aux carences de cette réforme.
La majorité des maires n’ayant pas appliqué cette réforme lors de cette rentrée scolaire se sentent donc acculés et impuissants, alors que leur copie doit être rendu avant le 30 novembre 2013 pour application dès la rentrée 2014.
Sous quelle responsabilité seront placés les enfants entre quinze heures trente et seize heures trente ? Qui les encadrera ? Aura-t-on partout – en ville comme en milieu rural – les moyens de recruter des personnels qualifiés pour les activités culturelles ou sportives annoncées ? S’agira-t-il de garderie, ce qui dénaturerait l’objet même de la réforme ? Qui financera alors que le budget pour 2014 annonce une baisse de 840 millions d’euros de la dotation aux communes et regroupements de communes? Comment s’articuleront désormais les activités du temps scolaire et du temps périscolaire ?
Cette réforme n’a manifestement pas fait l’objet d’une concertation suffisante avec les collectivités locales, les enseignants et les parents d’élèves.
Par ailleurs, ce projet aux contours flous, dont l’impact financier n’a absolument pas été évalué, a déjà été sévèrement retoqué par toutes les instances de concertation : comité technique ministériel, Conseil supérieur de l’éducation, commission consultative d’évaluation des normes.
Aussi, tel qu’exigé dans un des amendements que j’ai défendus en mai dernier dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la Refondation de l’Ecole de la République, je demande à ce qu’un large bilan soit réalisé à l’été prochain auprès des établissements qui auront expérimenté cette réforme lors de cette rentrée 2013.
Un bilan à mi-parcours qui doit permettre de mesurer l’opportunité de la réforme des rythmes scolaires, mais aussi en tirer les conséquences pour décider de sa généralisation à l’ensemble du territoire, le tout conduisant irrémédiablement à un report de la mise en application à la rentrée 2015.
Ceci aurait par ailleurs l’avantage de laisser quelques mois de travail aux nouvelles équipes municipales issues des scrutins de mars 2014.
Ça n’est pas un caprice, c’est une exigence de bon sens, contre la précipitation, contre le passage en force.