Je suis intervenue en séance le 30 juin dernier pour le groupe de l’Union centriste, lors de l’examen de la proposition de loi sur le développement des langues et culture régionales.
Si je suis très attachée à notre patrimoine, auquel appartiennent langues et spécificités régionales, et que je partage les motivations des auteurs du texte, je regrette que les dispositions qu’il propose posent des problèmes d’ordre technique, financier et juridique. Je pense qu’il existe d’autres voies et moyens pour préserver et transmettre ce patrimoine, notamment en développant en mobilisant les régions et en leur laissant le soin de prendre des initiatives adaptées.
D’un point de vue technique, car je ne vois pas quels outils communs pourraient transmettre des langues aussi différentes que le créole du cauchoix. Les actions doivent être locales, et elles le sont. Le cadre législatif permet de nombreuses initiatives au sein des collectivités et cela fonctionne parfaitement dans certaines régions.
D’un point de vue financier, ce texte, en créant de nombreuses obligations tant pour l’Etat que pour les collectivités, risque de mettre à mal nos finances publique, alors même que nous essayons actuellement de combler les déficits. Et quand on sait qu’à l’heure où il est établi que 3,1 millions de Français souffrent d’illettrisme, avant de rendre obligatoires les langues régionales pour tous dans leur région, ne faut-il pas plutôt que le budget de l’État soit prioritairement consacré à remédier à cette situation?
D’un point de vue juridique, nous nous exposerions à la censure du Conseil constitutionnel, qui a confirmé le 20 mai que, si les langues régionales appartiennent bien au patrimoine de la France, elles ne confèrent aucun droit. Or ce texte nous propose au contraire de reconnaître des droits spécifiques à certains citoyens, sur des territoires déterminés.
Enfin, il me semble important de ne pas confondre l’enseignement des langues fondamentales et des langues régionales : les premières sont utilisées dans le milieu professionnel et économique, les secondes correspondent à une approche linguistique et culturelle. Il est actuellement plus utile aujourd’hui pour un jeune de parler anglais ou espagnol, qu’un patois local.
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