Incendie de Lubrizol : l’Etat devra prendre en charge les préjudices économiques issus de cette catastrophe

Communiqué de presse

Rouen, le 29 septembre 2019

Au lendemain de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, Catherine MORIN-DESAILLY, Sénatrice de la Seine-Maritime et conseillère régionale de Normandie tenait à rendre hommage au sang-froid et au professionnalisme des sapeurs-pompiers de Seine Maritime  et de leurs collègues venus en renfort qui, au terme d’un combat difficile, sont parvenus à circonscrire puis éteindre un feu d’une violence inouïe. « Il faut leur en être vraiment reconnaissant, la pire des catastrophes ayant été évitée, le feu ne s’étant pas propagé à d’autres cuves ou usines voisines, il est heureux qu’aucune victime n’ait été à déplorer », « il faut remercier aussi l’ensemble des forces de l’ordre et de santé (le plan blanc ayant été activé très tôt) également mobilisées sur ordre du préfet » ; ainsi que les équipes de France Bleu Normandie ayant rempli leur mission de service public en informant la population toutes les heures.

Présente sur le site avec ses collègues lors de l’accueil des ministres Jean-Michel BLANQUER, Agnès BUZIN et Elisabeth BORNE, en contact avec de nombreux maires des communes touchées par les retombées du sinistre, la sénatrice a tenu à s’entretenir avec plusieurs acteurs de la crise pendant ces deux derniers jours.  Elle a ainsi eu à constater :

–  le desarroi des habitants quant à l’information donnée dans les heures et les jours qui ont suivi l’incendie, l’annonce d’une « toxicité non aigüe » par les autorités préfectorales ne les ayant pas vraiment rassurés.

– un certain flottement dans l’information faite aux maires, en première ligne pour gérer le lien à la population et procéder aux opérations jugées urgentes. Si 14 communes au nord-est  de Rouen, sous le passage direct de l’impressionnant nuage noir de 6 km de large et 20 km  de long, ont été efficacement et immédiatement prévenues, les modalités d’information d’autres communes très proches voire à immédiate proximité du site ont été aléatoires et selon certains élus pas assez précises. La future loi « Engagement et proximité » devra préciser l’obligation d’information des maires.

Interrogés par la suite, plusieurs  acteurs du monde rural, lui aussi directement impacté par des retombées de suie, potentiellement polluantes, maires ou agriculteurs ont exprimé leurs préoccupations. Les maires d’avoir du attendre jusqu’au soir du 2eme jour soit le 27, un décret préfectoral indiquant la marche à suivre, pour prendre les mesures adéquates de précautions en attendant les résultats des analyses, de parer, en lien avec les agriculteurs,  aux risques de pollution des eaux, des terres pour les cultures et les animaux.

Prévenus par leurs instances professionnelles, les agriculteurs ont pris leurs responsabilités et suspendu la récolte et la collecte des produits agricoles dont le lait. Mais ils ont exprimé leurs inquiétudes pour la suite, lors d’une rencontre organisée ce jour à Catenay avec le président de la région Normandie à laquelle participait la sénatrice. 

En effet sans aucune mesure d’accompagnement pour l’instant annoncée, les agriculteurs et les maraîchers se trouvent être injustement des victimes économiques collatérales de cette catastrophe industrielle.  Ils ont vivement protesté contre l’article 4 du décret qui correspond à un transfert de responsabilité de l’exploitant, particulièrement mal venu dans cette situation.

Il serait ainsi opportun que le ministre de l’agriculture vienne sur place la mesure de la situation.

Selon la sénatrice, l’état de catastrophe industrielle devrait être envisagé pour que se manifeste la solidarité nationale « on n’a sans doute pas fini de mesurer les conséquences sanitaires et environnementales de cette catastrophe, et ceci pourrait coûter très cher ». 

« Je me félicite qu’une enquête judiciaire et une enquête administrative aient été diligentées. J’espere qu’elles pourront faire la lumière sur les causes jusque lors non élucidées du sinistre, afin d’établir les responsabilités et les améliorations à apporter dans le processus d’alerte et d’information. Maintenant  on ne pourra en rester là ».

« En effet, ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un incident intervient sur ce site. Tout le monde se souvient de la fuite de mercaptan en 2013  » alors que la même usine en avait été à l’origine. Comment se fait-il qu’on n’est pas été en mesure de prévenir –  c’était tout l’objet de la directive Seveso 3 – ce nouvel incident qui aurait pu virer au drame ?  Elle se demande si on a bien tiré toutes les leçons de la tragédie d’AZF qui, elle hélas, avait fait de très nombreuses victimes ».

« Je m’en suis ouverte à mon collègue de l’Eure Hervé Maurey, Président de la commission du développement durable du Sénat. Je souhaite  qu’au delà des éclaircissements à apporter au désastre rouennais, nous conduisions au sein de notre haute assemblée une commission d’enquête sur les sites Seveso ». 1312 sites Seveso  ont en effet  été classés en France dont 705 à haut risque. L’usine de Lubrizol, située à seulement 3 kilomètres du centre-ville de Rouen, faisait partie des 42 autres sites « seuil haut » que compte la Seine-Maritime.

« Cet évènement pose clairement  les risques avérés de ces sites industriels au cœur de nos villes, à proximité immédiate d’habitations, et plus largement de leur devenir ».

« Je note que plusieurs de mes collègues conseillers à la Métropole de Rouen, membres du groupe Union Démocratique du Grand Rouen (UDGR) sont régulièrement intervenus depuis 2011 pour interroger les présidents Fabius et Sanchez, sur la pertinence du projet Flaubert, de sa réalisation et tout le moins de sa qualification « d’éco quartier» dans une zone proche d’un site SEVESO ».

Contact :

Rouen – 02 35 15 38 30 ou  as.deschamps@clb.senat.fr

Paris – 01 42 34 29 95 ou c.morin-desailly@senat.fr

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