Le Président de la République a jugé utile de convoquer le Parlement en Congrès, cet après-midi, à Versailles. Nous avons en effet ouvert cette possibilité pour le Président de pouvoir s’adresser exceptionnellement au Parlement en réformant notre Constitution en 2008. En conséquence, comme la grande majorité de mes collègues sénateurs et députés, je m’y rendrai.
Il est vrai que cette convocation par le Président Macron, à la veille de la déclaration de politique générale de son Premier ministre devant les deux chambres, peut laisser quelque peu perplexes les observateurs attentifs de notre démocratie…
La question du respect des rôles qui sont constitutionnellement répartis au Président de la République et au Premier Ministre est évidemment prégnante.
Edouard Philippe est bien le chef du Gouvernement et, à ce titre, « dirige l’action du Gouvernement » (art. 21 de la Constitution). De fait, il fixe les orientations politiques essentielles qui, pour leur part, découlent évidemment des engagements pris par le Président de la République devant les Français lors de son élection.
Comme nous vivons dans un régime parlementaire, dès demain, la mise en jeu de la responsabilité du gouvernement devant le Parlement va logiquement s’opérer.
Soucieuse du bon fonctionnement de nos institutions, je ne souhaite pas l’affaiblissement du Premier ministre. Un Président de la République fort a en effet besoin d’un Premier ministre tout aussi fort car c’est bien lui qui se doit de porter les réformes devant l’Assemblée nationale et le Sénat. S’il l’affaiblit, c’est l’action même du gouvernement qui est menacée… et donc les intérêts de la France.
Au delà de cette séquence, il est manifeste que ce quinquennat ne ressemblera à aucun autre.
Face au renouvellement sans précédent qu’a récemment connu l’Assemblée nationale, à l’ébranlement voire la quasi disparition de certains partis politiques eux-mêmes, nous abordons incontestablement un nouveau chapitre de notre histoire politique…
Dans cette nouvelle période qui s’ouvre, le Sénat doit, pour sa part, rappeler sa singularité définie par la Constitution même. Contrairement à l’Assemblée, il ne procède pas du cycle présidentiel et ne peut d’ailleurs être dissout par le Président de la République.
Les 348 sénateurs sont élus par 162.000 grands électeurs : conseillers municipaux, départementaux, régionaux et députés. Il est ainsi le relai des préoccupations et attentes des élus locaux pour leurs populations car, comme le veut l’article 24 de la Constitution, le Sénat représente « les collectivités territoriales de la République ».
Quelque soit les soubresauts politiques du Pays, le Sénat devra continuer à fertiliser le débat parlementaire par la connaissance et l’attachement qu’il porte aux divers territoires. Il est la voix de la différence. Chaque territoire, cadre de vie de chaque Français, est ainsi représenté, défendu, protégé au sein de notre Assemblée.
Au delà de son renouvellement partiel en octobre prochain, le Sénat devra donc, continuer à jouer avec force son rôle de stabilisateur des institutions et de contre-pouvoir parlementaire.
L’ADN du Sénat, c’est un positionnement indépendant et constructif au service de la République, des libertés et des territoires.