Accord Google/presse : « Les questionnements résultants de cet accord contrastent avec l’auto-satisfaction du gouvernement »

J’ai profité de l’audition de Fleur Pellerin, jeudi 13 mars par la Commission, pour l’interroger sur l’accord entre Google et les éditeurs de presse:

Je m’étonne que l’accord passé le 1er février dernier  permette d’évacuer si simplement l’idée d’une loi, tout comme celle d’un droit voisin qui, hier, allaient de soi. Aurélie Filippetti elle-même s’était engagée pour une telle avancée juridique. Au bout du compte, on ne sait que peu de choses d’un consensus jugé « historique » par l’Elysée, car très peu de détails ont été rendus publics…Mais ce qui a été dévoilé a été suffisant pour nourrir quelques interrogations, dont j’ai fait part à la Ministre de l’Economie Numérique :

Tout d’abord, concernant la création d’un fonds de 60 millions d’euros, qui sera réservé à la presse d’information politique et générale, non étendu aux journaux spécialisés, ni aux « pure players », qui pourtant contribuent tous deux à enrichir les contenus référencés par Google. Contrairement à un dispositif législatif qui aurait exigé les principes d’indépendance, d’équité et de transparence dans les critères de répartition, l’accord est fort opaque. Un système qui ne profitera vraisemblablement qu’à quelques grands médias, sans favoriser l’innovation.

Deuxièmement, je m’inquiète d’une croissance incontrôlée de la « Google-dépendance », avec un accord qui propose une « aide technique » à l’utilisation des technologies de Google. Par ailleurs, comment ne pas craindre que Google privilégier à l’avenir, dans les résultats de son moteur de recherche, les titres qui utiliseront ses outils ?

Enfin, il me semble que le problème, qui était il y a peu celui de la juste répartition de la valeur des contenus, n’est pas réglé. Google ne va en rien payer pour ce que les éditeurs réclamaient, soit le référencement de leurs contenus.

De ce fait, je ne peux que m’interroger sur cette bruyante auto-satisfaction de l’Exécutif alors que, finalement il ne s’agit que d’un accord temporaire et au contenu dérisoire au regard de ce qui était exigé, de la puissance financière de Google et, surtout, des défis immenses qui attendent le monde de la presse.

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