Après le vote des députés hier, le Sénat a adopté le texte sur la prorogation de l’état d’urgence de trois mois.
Comme l’ensemble de mes collègues sénateurs, j’ai voté en faveur de ce texte qui s’inscrit dans un contexte des plus dramatiques. Les Français, meurtris par la deuxième série d’attentats que subit notre pays en dix mois, attendent des parlementaires, élus locaux et responsables politiques que nous sommes unité et hauteur de vue, courage et fermeté dans l’épreuve que nous traversons .
Tout en rendant hommage au courage hors normes et au dévouement exemplaire des forces de l’ordre et des secours qui se sont mobilisés ces derniers jours , il faut rappeler que face à l’ampleur de la guerre qui nous est livrée, la prorogation de l’état d’urgence est nécessaire.
La menace terroriste n’a jamais été aussi élevée, et seul un régime d’exception peut nous permettre de tenter de prévenir les terribles atteintes à notre sécurité. Il faudra naturellement veiller à la proportionnalité et à ce que des moyens supplémentaires de contrôle accordés à l’État ne soient pas illégitimes au regard de l’équilibre nécessaire pour préserver nos libertés publiques .
Sur ce point, l’amendement déposé hier et cosigné par vingt-huit députés du groupe socialiste, ayant pour but de rétablir la loi de 1955 sur le contrôle de la presse, apparaissait comme largement disproportionné et inconstitutionnel. Je me félicite donc que ces dispositions n’aient pas été retenues par l’Assemblée.
En l’état actuel du droit, notre législation relative à l’état d’urgence datant de la guerre d’Algérie n’est que très partiellement adaptée pour faire face au terrorisme du 21e siècle. Le législateur doit donc rapidement moderniser le régime de l’état d’urgence ainsi que notre droit pénal pour l’adapter aux nouvelles menaces.
De plus, comme l’ensemble de mes collègues de la majorité sénatoriale, je plaide pour une augmentation des moyens et les effectifs pour protéger les Français, dans la police, l’armée et la justice, ainsi que pour la mise en place de réelles mesures de prévention, en partenariat avec le monde de l’éducation. Car nous devons travailler ensemble sur les causes profondes de ce mal qui ronge la société française et offre un terreau fertile aux fanatiques islamistes.
Au-delà de la sécurité intérieure, la réponse à cette menace devra être globale. Sur le plan intérieur, évidemment, mais également extérieur, car si nous voulons éradiquer Daech et Al-Qaïda, nous devons modifier notre stratégie militaire et participer à une coalition internationale.
Au-delà du simple vote de ce texte, le Gouvernement doit regarder plus loin que l’urgence et mette notre pays en mesure de gangner face à la barbarie qui menance la France, les Français et leurs valeurs.
Le Sénat a, de son côté, pris ses responsabilités en adoptant ce texte à l’unanimité.