Avenir de l’audiovisuel public

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La Commission pour la nouvelle télévision publique, dite « Commission Copé », a fait connaître cette semaine ses préconisations pour l’avenir de l’audiovisuel public. A cette occasion, je souhaite vous faire connaître mon point de vue.

La commission pour la nouvelle télévision publique, installée par le Président de la République suite à l’annonce de la suppression de la publicité sur France Télévisions, a mené une large réflexion et un travail approfondi en quelques mois. Sa composition pluraliste réunissant des parlementaires et des professionnels de l’audiovisuel a permis de faire des propositions pour renforcer l’identité et l’ambition de l’audiovisuel public et asseoir son financement sur une base stable et solide. Elle a ainsi ouvert de nombreux chantiers et abordé toutes les questions qui intéressent l’avenir de l’audiovisuel public : la gouvernance du groupe France Télévisions, le financement du service public de télévision, les contenus, l’identité des chaînes publiques ou encore le modèle de développement.   

Ce travail de réflexion de la Commission est nécessaire dans le contexte de bouleversement que connaît le paysage audiovisuel, avec l’arrivée de nouveaux acteurs, le développement de nouvelles technologies (numérique, haute définition….), de nouveaux modes de consommation et de nouveaux rapports aux médias. Dans cet univers en profonde mutation, la question de la  place du service public de l’audiovisuel est posée. Confronté à une concurrence de plus en plus forte de nouveaux acteurs et à une révolution technologique majeure, l’audiovisuel public ne peut faire autrement que s’adapter pour conserver une place dans le paysage audiovisuel. Il faut en conséquence lui donner les moyens d’être un audiovisuel public fort face aux multiples concurrents privés.

Dans ce cadre, il est essentiel que France Télévisions anticipe et s’engage totalement dans ces nouvelles technologies pour lui permettre d’offrir des contenus innovants (catch-up TV, podcast, VOD) sur des supports multiples (postes TV, Internet, télévision mobile personnelle…). Cela suppose aussi que le groupe audiovisuel public adapte en matière de contenus ses moyens de production et de diffusion. France Télévisions doit s’orienter clairement et résolument dans une stratégie de « Global Média » pour être présente sur tous les supports et proposer des contenus plus attractifs afin d’être diffusés sur une multiplicité de canaux. Cette évolution est indispensable notamment pour retenir et conquérir des publics notamment les jeunes dont le rapport à la télévision et leurs modes d’utilisation de ce média ont profondément changé. L’effort doit être porté vers la jeunesse qui se détourne peu à peu de ce média.

Avec la multiplication des chaînes (sur la TNT) et des programmes liés à la multiplication des acteurs, France Télévisions doit pouvoir proposer des chaînes à l’identité forte et clairement affirmée à la fois pour proposer des contenus adaptés aux publics spécifiques de chaque chaîne. Ainsi, France Télévisions a entrepris depuis plusieurs années un « virage éditorial » qu’il convient de saluer et de conforter. Dans cette perspective également, il me paraît essentiel de redéfinir le rôle de France 3 afin qu’elle devienne la véritable chaîne de proximité à l’heure où avec la mondialisation les téléspectateurs sont demandeurs d’informations locales et régionales. Je plaide ainsi pour un renforcement du cadre régional de France 3. Il faut profiter de la réforme pour entreprendre une véritable décentralisation et modernisation du réseau France 3. Cette chaîne publique régionale mettrait en valeur les caractéristiques de chaque région notamment leur richesse culturelle, associative, historique et linguistique pour certaines en relayant, diffusant et retransmettant les manifestations publiques, festives, culturelles et les évènements sportifs, tout en conservant les programmes nationaux de qualité (Thalassa, Des racines et des ailes….). On pourrait envisager à terme un « décrochage national » (notamment pour une session d’information et pour ces émissions de qualité) qui se substituerait aux décrochages régionaux actuels. Cela contribuerait fortement au renforcement de la vie régionale elle-même. On redonnerait ainsi sa vocation première à  France 3 en en faisant la chaîne des régions et un véritable média de proximité.

Enfin, et c’est la question centrale, il faut assurer un financement pérenne et dynamique de l’audiovisuel public. Une réflexion approfondie sur le financement du service public de l’audiovisuel était nécessaire. Pour que les chaînes publiques offrent au plus grand nombre un accès à la culture, à des  programmes de qualité et favorise les œuvres originales de création française, leur système de financement doit être revu en réduisant la part des ressources publicitaires et en reposant la question de la pérennité de la redevance audiovisuelle. La suppression de la publicité peut être une chance pour France Télévisions en la libérant de la « dictature de l’audimat », si en contrepartie on trouve des ressources financières pour garantir son avenir. Si nous voulons conserver une télévision publique avec des programmes de qualité se distinguant des chaînes privées, il est nécessaire de lui en donner les moyens. Parce que les ressources de l’audiovisuel public ne sont pas assez dynamiques, j’ai toujours été favorable, s’agissant de la redevance, à l’augmentation du montant de la redevance par son indexation sur l’inflation, la stricte application du principe de remboursement intégral des exonérations pour motifs sociaux par l’Etat et la taxation des nouveaux supports, dont les ordinateurs sur lesquels on peut regarder la télévision. Par ailleurs, dans l’objectif de garantir des ressources suffisantes au service public de l’audiovisuel, il me semble logique de faire participer les opérateurs de télécommunications et les fournisseurs d’accès à Internet au financement de l’audiovisuel public dont ils sont des acteurs qui bénéficient de la convergence numérique.

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