Déménagement de l’Ecole des Beaux- Arts de Rouen

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Comme tous les rouennais c’est par voie de presse que j’ai appris, du jour au lendemain, la nouvelle du déménagement de l’école des Beaux-Arts de Rouen (ESADHAR) dans les locaux du collège Giraudoux à  la Grand Mare.

Pour bien connaitre ce dossier, je m’étonne de la manière dont le sujet de la relocalisation de l’établissement a été traité. Le site de l’Aître est on le sait « chef d’œuvre en péril », il fallait engager un projet de relocalisation total ou partiel pour y effectuer des travaux mais la méthode est détestable et méprisante tant  vis à vis  de l’équipe pédagogique et des étudiants (y compris des cours du soir), que des acteurs de la vie du quartier. Tous, sans exception ont été mis devant le fait accompli sans avoir eu à donner leur point de vue, réfléchir et participer à la définition du meilleur projet possible prenant en compte nécessités et contraintes.

Pour moi, on ne peut plaider pour un déménagement que si on sait concrètement ce qui va advenir du bâtiment que l’on quitte. Fleuron du patrimoine rouennais, l’Aître est par ailleurs tellement chargé de symbole que les rouennais ont le droit de savoir quelle en sera sa destinée .Y aura t’il des travaux de restauration effectués, sous quels délais ? Quel sera par la suite l’usage du bâtiment ? Compte tenu de la récente politique immobilière tant du maire Yvon Robert que du Président de Région Alain le Vern qui ont conjointement bradé le Cloître des pénitents, bâtiment sauvegardé, plutôt d’ailleurs que d’en faire un lieu d’accueil possible pour l’Ecole, il y a de quoi s’inquiéter. Je pense ce bâtiment remarquable doit avoir une vocation culturelle compatible avec la vie et la vocation confirmées du quartier où se regroupent  antiquaires, luthiers, galeristes et artisans d’art. A l’époque, nous avions dans l’idée d’en faire le centre d’interprétation du patrimoine rouennais, lieu dont s’engagent à se doter les villes qui disposent du label « ville d’art et d’histoire, » il faudrait réfléchir à cette idée tout en lui conservant peut être un lien avec l’école des Beaux Arts à travers notamment la poursuite de l’exploitation des galeries pour l’art contemporain..

En tout état de cause, je soutiens aussi les commerçants et acteurs du quartier qui ces dernières années, dans un contexte de crise économique,  ont dû se battre contre tous les fronts imaginés par la municipalité pour en tuer à petit feu l’activité : politiques tarifaires et contraventionnelles du stationnement ,disparition d’animations l’été  telles que les Terrasses du Jeudi, menace de suppression des marchés du samedi , reconfiguration désastreuse du circuit de circulation et de la rue de la République. Avec la fermeture du Pont Mathilde pour le coup due à un accident, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, l’impression qu’on continue à dévitaliser complètement le quartier qui a toujours vécu au rythme de l’Ecole et de sa vie étudiante.  

La  méthode utilisée par Yvon Robert, maire de Rouen est détestable. Pour bien connaître les enseignants de cette école avec lesquels j’ai travaillé sur plusieurs sujets, je sais qu’avec respect pour les élus ils aiment être dans le dialogue et la co-construction des projets et que si impliqués ils auraient été un moteur utile, à la nécessaire définition d’un futur projet d’établissement. Or ce projet ils n’en savent rien et n’ont qu’à subir.  

Faute de réflexion et de prospective sur différents sites possibles je regrette aussi que la municipalité actuelle soit déterminée à déraciner les étudiants des Beaux-Arts du réseau culturel auquel ils appartiennent.

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Certes la  municipalité de Pierre Albertini avait initié avec les enseignants la présence de l’école à la Grand-Mare, à travers le PLOT HR y faisant  un lieu de résidence d’artistes, un  lieu d’exposition et de travail. Cela a été une réussite permettant ainsi la démocratisation de la culture et plus particulièrement de l’art contemporain parce que cela avait été conçu dans le cadre de la politique de la ville avec et par les habitants.

Installer toute l’école et tous les étudiants n’est pour le coup pas particulièrement judicieux allant à l’encontre de la politique, qui a plutôt consisté ces dernières  années, à  regrouper certains sites universitaires au cœur de la ville, comme par exemple le pôle universitaire des sciences du tertiaire, où ils disposent de services et de lieux d’animation.

Je pense que ce dossier comme tant d’autres relevant d’ailleurs de la Culture a été bâclé. Il fallait plaider pour que cette école au rayonnement incontestable soit prise en compte par l’agglomération, permettant une vraie  ambition et non un projet au rabais. Après tout la CREA est prête à mettre 11 millions d’euros dans le projet d’Historial Jeanne d’Arc, elle peut se préoccuper aussi de la jeunesse et la formation, c’est important aussi !

Ainsi dans le cadre d’un projet communautaire justifié par la fréquentation extracommunale de l’établissement, on aurait pu trouver les moyens de réfléchir à un site adapté.

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