Des fêtes surréalistes vidées de leur sens et de leur substance

Cette année, plutôt que le dimanche 30 mai, on aura fêté Jeanne d’Arc le 6 juin, jour anniversaire du débarquement de Normandie … Pour la deuxième année consécutive (l’année dernière il y avait une vraie raison : les élections européennes) le maire de Rouen a en effet jugé bon de déplacer les fêtes Jeanne d’Arc. Non seulement elles ont été reculées mais elles ont été réduites à une seule journée, imposant aux participants des cérémonies officielles un marathon. Ceux-ci étaient d’ailleurs nettement moins nombreux que d’habitude, la partie officielle s’étant tenue le  samedi et non le dimanche.

Compte tenu de l’absence d’élus représentants les autres villes johanniques : Reims, Orléans, Vaucouleurs…, généralement en nombre, on peut se demander s’ils ont même été conviés … Quant aux élus de la majorité municipale, ils ont brillé par leur absence, ceux de l’opposition étaient proportionnellement en plus grand nombre.

L’adjoint en charge de ces manifestations a disparu au cours de la journée … aura-t’il été refroidi par le programme musical qu’il a semblé découvrir en même temps que les auditeurs, médusés d’entendre Carmen de Bizet interprétée en présence de Monsieur Apollon du Beauvaisis (l’équivalent masculin des miss) ! Mais le clou a tout de même été l’interprétation enlevée de « c’est si bon » pour clore la cérémonie au portail des Marmousets et le discours du Professeur Lemercier qui venait de rappeler le calvaire du bûcher.

Le maire de Rouen elle même, une première, a abandonné les fêtes en cours de route. A ce stade, avec Anne Sophie Deschamps, conseillère municipale, nous nous sommes retrouvées en compagnie d’un Yvon Robert esseulé et un peu gêné, tout de même rejoint dans les dernières minutes sur le pont Boieldieu par Guy Pessiot pour nous remercier d’être venus et nous dire à l’année prochaine.

La vérité est qu’au même moment on faisait une photo place de l’Hôtel de Ville. Monsieur Fabius avait convoqué 1250 normands et rouennais à venir poser auprès de lui, alors, en effet, il fallait en être : tant pis pour Jeanne, tant pis pour les invités plantés là sur le pont Boieldieu, livrés à eux même sous les vrombissements des hélicoptères pour la photo vue du ciel (au fait ca coûte combien des hélicoptères qui tournent pendant une heure au dessus de Rouen ?).

Aux invités un peu surpris on a argumenté que ce week-end il y avait un nombre incalculable de manifestations, CQFD il fallait laisser les fêtes Jeanne d’Arc à leur date habituelle à savoir le dernier week-end de mai !

Derrière ces maladresses et ces accumulations de mauvais goût il y a en fait une volonté de ne plus célébrer ces fêtes, qu’on le dise alors franchement. On noie le poisson en accumulant le même week-end le lancement du festival Normandie Impressionisme, le bal de clôture du Printemps de Rouen. Qu’en retirera le rouennais qu’on entendait commenter la journée sur le marché ce matin ? Une image confuse, on ne sait plus très bien ce qui se passe à Rouen.

Il y a encore deux ans, festives et populaires, bien identifiées dans le calendrier de la ville, les fêtes Jeanne d’Arc c’était des animations de rue, le marché et des jeux, le bal médiéval, qui mettaient en avant tout les jeunes musiciens de nos écoles de musique et du conservatoire, qui regroupaient au pied de la Cathédrale dans la bonne humeur toutes les générations autour des buffets organisés pour l’occasion. Où sont passées les Fanfares pour Jeanne et tous ces petits orchestres qui animaient la ville le temps d’un week-end ?

Décidément, on est bien loin du programme de campagne, « Rouen Motivé », qui promettait en page 45 :

« La priorité est de redonner aux fêtes traditionnelles un nouvel élan afin que tous, petits et grands, prennent part à la fête. Au Printemps, les fêtes Jeanne d’Arc seront modernisées autour d’un festival populaire d’une dizaine de jours. Ce festival déclinera spectacles autour de la voix avec concerts, chorales, concours de chants, de bonimenteurs, des projections de films en plein-air, du théâtre de rue… ».

Seule la présence de Madame Badinter aura rehaussé des cérémonies réduites à leur plus simple expression.

Partager CE CONTENU

Partager sur facebook
Partager sur google
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur print
Partager sur email