Ma participation à l’Institut des Hautes Etudes de l’Entreprise pour cette année 2006-2007 m’a amenée à passer quelques jours en Turquie, occasion de rencontrer des responsables économiques, culturels, universitaires et politiques et d’appréhender un peu mieux ce pays, seul état musulman laïc et 20ème puissance économique mondiale. La Turquie parfois appelée « Chine de la Méditerranée » représente un grand marché de plus de 70 millions d’habitants à fort potentiel, ouvert aux produits et services en provenance de l’étranger (300 entreprises françaises y sont aujourd’hui présentes), sa population est jeune (55% de la population a moins de 30 ans) et dynamique, de plus en plus urbanisée (prés de 70 %) et occidentalisée.
Ce pays de contraste, carrefour de civilisations, qui a adopté depuis 2002 une série de lois visant à consolider la démocratie, dont l’abolition de la peine de mort, ne peut à coup sûr laisser indifférent. Cela étant, malgré ces progrès institutionnels incontestables, on remarque que le régime d’Ankara est confronté à la montée en puissance de l’islamisme turc arrivé au pouvoir le 3 novembre 2002.
La question Kurde (plus de 20 millions d’entre eux vivent en Turquie) n’est pas résolue, pas plus que la question Chypriote. Quant au génocide Arménien, auquel nous pensons tous aujourd’hui que s’ouvre en France l’année de l’Arménie, les responsables politiques entendus refusent d’en reconnaitre la réalité. Il nous a toutefois été indiqué qu’une commission d’enquête composée d’historiens serait prochainement constituée. Dans ce contexte, en dehors de toutes considérations historico-géographiques, la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne pose problème. Elle nous renvoie en tout cas à nous-mêmes : de quelle Europe voulons nous ? Une Europe du libre échange -auquel cas l’union douanière de 1995 ne suffirait-elle pas ? Ou bien d’une Europe dont les états membres partagent les mêmes valeurs inscrites dans la charte des droits fondamentaux ?
Nul doute que le dialogue et la compréhension mutuelle doivent amener Européens et Turcs vers des relations sereines et confiantes, l’objectif étant de mettre le pays en mesure de poursuivre sa transformation vers un état respectueux des libertés fondamentales et des droits humains, porteurs de tout progrès. Mais il ne peut s’agir de brader les principes largement inspirés de la Déclaration des droits de l’homme (et de la femme) auxquels nous sommes si attachés.
byubu
Quelques photos…
L’université de Sabanci, du nom de la dirigeante de la seconde entreprise du pays, Güler Sabanci, accueille à 100 km d’Istanbul, des étudiants (dont 40% de boursiers) censés être les futures élites de la Turquie. Les formations, au sein de ce qui fonctionne comme un campus américain, répondent aux besoins des nouveaux investisseurs.
Entre Dr Tsun Terioglu, Recteur de l’université de Sabanci et Yves Marie Laouenan Président de la Chambre de Commerce Française en Turquie.
Pierre Le Mire, Recteur de l’université francophone de Galatasaray, nous explique que depuis 1525 date à laquelle François Ier a signé avec Soliman le Magnifique une alliance pour trente ans afin de mieux résister à l’Empire des Habsbourgs, il existe en Turquie une tradition francophile. Il s’agit d’une francophilie véhiculée par la maîtrise de la langue française Aujourd’hui la francophonie représente avec une dizaine de lycées publics et privés et l’université publique de Galatasaray une petite minorité au sein de la société comme au sein de l’élite turque.
Mehmet Dugler député AKP d’Istanbul,
président de la commission des affaires étrangères du parlement turc
fEntreprise Erbak-Uludag, société familiale productrice d’eau minérale, de boissons gazeuses et de jus de fruit à Bursa
L’agro-alimentaire turc connaît à l’heure actuelle d’importants développements internationaux.