Je ne me rendrai pas demain, jeudi 25 novembre, à l’inauguration du bâtiment que les rouennais continuent à appeler la « médiathèque « en dépit du nouvel usage qui a été trouvé pour le bâtiment conçu par Rudy Riciotti. Retenue au Sénat par l’examen de la loi de finances, j’ai de toute façon choisi de ne pas cautionner une cérémonie au cours de laquelle les principales personnalités invitantes se féliciteront de la réalisation d’un bâtiment qu’ils avaient initialement voulu vouer à la destruction.
Je tiens à rappeler que, dans l’hebdomadaire le Point du 29 mai 2008, Laurent Fabius déclarait « c’est une honte ! » à propos de la médiathèque en chantier à Rouen. « La nouvelle majorité PS ne veut pas entendre parler de ce projet élitiste, excentré et inaccessible » engagé par l’ancien maire, Pierre Albertini. « On paiera les dédits qu’il faudra, mais cette médiathèque doit être stoppée », et que, quelques semaines plus tard, Valérie Fourneyron annonçait à son tour dans Paris-Normandie que la médiathèque allait être rasée.
Bâtiment dédié à la lecture sous toutes ses formes, à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine pour tous les publics, je continue de penser que la « honte » est la reconversion à la va-vite au cours de l’été 2008 pour abriter principalement des archives et, accessoirement une petite bibliothèque de quartier et des services administratifs. Cette reconversion reste en effet une erreur politique par rapport aux besoins de la ville, de l’agglomération, de la région et de ses habitants ; un affront aux habitants du quartier Grammont qui disaient leur fierté d’abriter un équipement structurant et ambitieux ; une contradiction par rapport à l’ambition de voir Rouen consacrée Ville Capitale ; une absurdité de voir ce magnifique bâtiment spacieux et lumineux, abriter des archives au lieu d’accueillir quotidiennement des centaines de visiteurs venus y chercher la connaissance et l’évasion, mais également l’échange et le débat.
Après avoir bataillé pour éviter un immense gâchis (Cf déclarations du Conseil Municipal du 2 juillet 2008, 26 septembre 2008 et 23 janvier 2009 ) et pour qu’au moins le bâtiment soit préservé évitant l’interruption du chantier, j’ai tenu à écrire à l’architecte, à l’entreprise et à tous ceux qui ont œuvré à la construction pour les remercier de leur investissement dans la réalisation d’un bâtiment remarquable qui fera date dans l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme.