Il aura fallu six ans pour que soit enfin entendu ce que je n’ai cessé de demander, avec plusieurs de mes collègues du groupe Union Démocratique du Grand Rouen, pour le Conservatoire à Rayonnement Régional de la ville de Rouen. Alors qu’une grande partie des établissements publics de coopération intercommunale de taille comparable en France ont pris depuis longtemps la compétence culturelle et inscrit dans leurs priorités l’enseignement artistique et les bibliothèques, la Communauté d’Agglomération Rouennaise, puis la Communauté d’Agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe, sont toujours restées à l’écart se contentant d’intervenir ponctuellement dans le champ culturel, selon le bon vouloir des élus socialistes sans critères normalement prédéfinis. Devant les inégalités criantes ainsi générées entre communes, établissements et publics, j’ai plusieurs fois réagi, notamment à la constitution de la CREA, et lors du vote du dernier budget. De la même manière, je m’étais insurgée en 2010, lorsque madame Fourneyron avait écrit aux maires de l’agglomération pour leur demander le versement d’une participation financière au Conservatoire de Rouen, rappelant à la vice présidente de la CREA en charge des finances qu’elle faisait fausse route et qu’elle devait au contraire plaider pour l’implication du président de la CREA dans ce dossier.
Dès 2006, en tant que déléguée communautaire, j’avais tenu à défendre à défaut de la compétence communautaire, une participation financière de l’Agglomération que ce soit pour le Conservatoire de Rouen ou celui de Grand-Couronne, dont compte tenu de l’offre de formation, la fréquentation est supra communale. J’estimais légitime qu’à l’instar de ce que faisait par exemple la communauté urbaine de Lille pour les conservatoires de Lille, Roubaix et Tourcoing, un fonds de concours, assorti d’une convention, soit ainsi versé pour permettre aux établissements donc aux communes sièges d’harmoniser les tarifs d’inscription des élèves : « Il serait important qu’elle puisse apporter un concours financier, qui permettrait, notamment pour les établissements d’enseignement, de faire bénéficier les élèves de l’agglomération d’un tarif unique ».
Je note que ma proposition a enfin été reprise puisque lors du prochain conseil municipal de la ville de Rouen de ce soir, une délibération allant dans ce sens sera soumise au vote des élus. La CREA s’engage enfin à verser annuellement à la ville la somme de 200 000 euros pour les années 2012, 2013 et 2014. Cette aide sera dédiée au 3ème cycle et aux cycles spécialisés du Conservatoire à Rayonnement Régional. En contre partie, la ville s’engage à mettre en place pour ces mêmes cycles un tarif unique pour l’ensemble des élèves résidant sur le territoire de l’agglomération.
Si une première étape est ainsi franchie, je déplore toujours l’absence d’implication de la Région Haute-Normandie dans le financement de ce qui lui revient au sein des conservatoires. Comme une majorité de présidents de régions socialistes, Alain le Vern refuse d’appliquer la loi de 2004 relative aux libertés et responsabilités locales qui confie à chaque niveau de collectivités un rôle dans l’organisation des enseignements artistiques. Alors que les régions Poitou-Charentes et Nord-Pas-de -Calais ont elles mis en œuvre la réforme avec succès sans surcoût, la région Haute-Normandie reste hors la loi, et ce, au détriment de l’accès à la formation du plus grand nombre.