Comme nombre d’entre vous, j’ai pris connaissance avec stupéfaction dans le Point du n°1863 jeudi 29 mai des propos qu’a tenus Laurent Fabius à propos de la médiathèque de Rouen. Heurtée par la méthode (Monsieur Fabius est élu du Grand Quevilly) et sur le fond (parler d un projet élitiste dont on ne élitiste pas la moindre ligne ), j’avais personnellement réagi en publiant un communiqué de presse. D’autres depuis l’ont également fait, notamment l’architecte Rudy Ricciotti dans une lettre ouverte au magazine dont vous trouverez copie ci-après.
« Sur Le Point du 29 mai, je lis Laurent Fabius déclarant en covisibilité avec une perspective de la médiathèque de Rouen, « c’est une honte ».
C’est effrayant de voir que même la culture et l’architecture deviennent matériaux démagogiques à l’altitude la plus poujadiste et la plus brutale.
La polémique municipale porte sur l’emplacement de la médiathèque dans un quartier en difficulté économique, sociale et urbaine, appelé Grammont. Lorsque sous le gouvernement Jospin fut voté par toutes les expressions politiques les objectifs de loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain), il était clair pour chacun que dorénavant les grands équipements devaient devenir structurants des quartiers en difficulté. Adossée à un parc urbain récemment créé, cette médiathèque dans ce quartier effectivement marqué par de nombreux déficits, est au cœur le plus exemplaire de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain.
Je suis effondré qu’un ancien ministre de Mitterrand puisse afficher un tel jugement à l’emporte-pièce, caractéristique du mépris pour les quartiers en difficulté ; effondré du silence du reste de la gauche et des verts sur cette obligation morale faite aux élus de requalifier ces quartiers en difficulté. Je n’aurais jamais imaginé l’ancien brillant ministre de Mitterrand tenir un jugement que même l’extrême droite ne saurait défendre. »