Je m’étonne de la tenue d’une manifestation intitulée « 1ères rencontres de la culture », organisée par la Ville de Rouen et qui se tiendra les vendredi 15 et samedi 16 octobre.
Le bilan culturel de l’actuelle municipalité est en effet contestable. Les décisions prises par Madame Fourneyron de sacrifier la médiathèque à vocation régionale et d’abandonner le projet (très avancé) de création d’un grand plateau théâtre, outil manquant lui aussi cruellement dans la région et qui aurait permis l’obtention du label Centre Dramatique National pour le Théâtre des 2 Rives, sont contradictoires avec l’ambition qu’elle affiche pour Rouen capitale régionale.
Par ailleurs, alors que le maire est également vice-présidente de la CREA, en charge des finances, elle n’a pas su convaincre ses amis, y compris de la Région, de la nécessité, comme cela se fait dans d’autres régions, de participer à la réalisation d’un pôle d’enseignement supérieur regroupant le Conservatoire et l’Ecole régionale des Beaux Arts. Alors que le ministère a défini dix pôles possibles en région, Rouen va donc passer à côté d’une formidable opportunité.
D’autres décisions telles que la non prise en compte du cinéma le Melville dans la constitution d’un pôle cinéma d’art et d’essai, recherché à Rouen, ou encore la tentative malheureuse parce que non réaliste de transfert du Muséum au Département (en absence de l’inventaire complet qui prendra encore quelques années le changement de propriétaire n’est pas faisable), et la tentative de démolition d’un des plots des Tours Lods sur les Hauts de Rouen, posent question.
Il est clair que le secteur culturel a été d’emblée et significativement sacrifié. Alors que son budget était passé de 11 à 16% du budget de la Ville entre 2001 et 2008, il retombait dès le premier budget présenté par Valérie Fourneyron à ce qu’il était en 2000.
Le désengagement de la Ville par rapport à son Opéra (moins de 1 million d’euros) n’a même pas été redéployé vers d’autres secteurs qui en auraient eu besoin tels les théâtres (Chapelle Saint Louis, Théâtre de l’Echarde, Théâtre des 2 Rives) qui ont vu leur budget, au mieux, stagner.
Non seulement les moyens ont été diminués mais les services ont été démantelés : départs fortement encouragés, postes non remplacés, privatisation de la gestion des festivals et manifestations, etc.
Plusieurs compagnies se sont vues délogées (Collectif Safran, Compagnie 14/20) ou risquent de l’être comme les écoles de musique, pour être relogées dans des locaux inadéquats ou trop petits, cassant ainsi leurs dynamiques de projet.
Au structurant et au durable, Mme Fourneyron aura préféré le visible, l’événementiel et l’éphémère.
La liquidation du chœur régional de l’Opéra de Rouen au seul profit du chœur en résidence Accentus et la sculpture Camille vouée à la destruction après usage, sont bien emblématiques d’une politique culturelle manquant singulièrement d’ambition et de goût, ou tout du moins peu respectueuse des acteurs en région.