Moralisation de la vie politique

Le Président de la République a annoncé les mesures qu’il entend prendre en faveur de la moralisation de la vie politique. Cette méthode qui consiste à répondre par la dramatisation, au détriment des urgences dont souffrent au quotidien les Françaises et les Français, m’interroge.

Cette esbroufe d’un Exécutif embourbé dans l’affaire Cahuzac ne trompe personne. Il est ainsi annoncé que les élus devront à l’avenir déclarer leur patrimoine. Déclarer notre patrimoine, c’est déjà fait: nous le faisons après chaque élection auprès de la commission pour la transparence financière de la vie politique. Rendre public son patrimoine est autre chose.

Cette exigence n’amènera à rien sinon au discrédit des élus, dont la liste des biens éventuels sera livrée à l’opinion publique sans décryptage et portera vers toutes sortes de confusions. Sans compter un regard plus qu’indiscret sur une grande partie de la vie privée des proches, qui n’ont en rien demandé à se retrouver sur la place publique.

Face aux fautes d’un seul homme, d’un ministre, le gouvernement semble vouloir détourner l’attention de l’opinion en stigmatisant l’ensemble des élus, qui apparaissent du coup comme des escrocs potentiels. Je refuse cette surenchère qui entend déplacer la responsabilité des uns sur les autres : « contrôler et sanctionner, c’est cela la transparence, mais rendre public, c’est du voyeurisme », a dit à juste titre le président de l’Assemblée Nationale .

Maintenant , il faut se poser les bonnes questions, et sans nul doute améliorer le système de contrôle. L’UDI a été la première formation politique à réclamer une commission d’enquête parlementaire, demande acceptée par le Premier Ministre. Ainsi nous serons vigilants quant au souci affiché du gouvernement de solliciter la commission des lois et les parlementaires pour qu’ils élaborent despropositions, afin que, à l’issue de ces consultations soient proposées des mesures adéquates .

L’UDI a deux séries exigences: quant aux conditions de travail et quant aux objectifs de transparence  et d’éthique. Objectifs absolument fondamentaux pour l’avenir de notre République.

Ceci étant dit, ne faisons pas comme si rien n’avait déjà été fait. La commission pour la transparence financière de la vie politique, que j’évoquais, a toujours travaillé avec rigueur et indépendance. En revanche, il est vrai qu’elle a grand besoin de moyens supplémentaires, ainsi que de compétences qui lui permettraient de saisir les douanes ou la direction des impôts par exemple.

Par ailleurs, je pense qu’il faudrait instituer un entretien, sous serment et induisant donc la création d’un délit de parjure, entre la commission de contrôle et les ministres au moment de leur nomination. Outre le contrôle de la régularité fiscale, cela permettrait de détecter précocement d’éventuels conflits d’intérêts, enjeu majeur selon moi de la moralisation de la sphère publique.

Enfin, j’estime essentiel que le débat autour de ce futur texte du gouvernement s’attarde sur la définition du statut de l’élu.

L’affaire Cahuzac doit être l’occasion de réaffirmer un certain nombre de principes. Pour améliorer la législation et ainsi prévenir le plus efficacement possible les dérives, voire les sanctionner (est-il admissible que Mr Cahuzac revendique de pouvoir revenir à l’Assemblée ?!), il ne s’agit pas pour autant d’excuser la faute d’un ministre par les soit-disant manquements d’un système de contrôle.

Après tout, lorsqu’on s’engage à exercer des fonctions électives ou ministérielle, on prend ses responsabilités, on se doit une éthique irréprochable…

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