Paradoxe de la crise automobile : question d’actualité de mon collègue Yves Détraigne

« Les chiffres publiés en début de semaine sur l’activité du secteur automobile en France semblent indiquer que l’effet de la prime à la casse est en train de s’estomper et que les stocks de véhicules augmentent à nouveau chez les constructeurs. Le marché des véhicules particuliers a reculé de 13 % le mois dernier par rapport à février 2008. Dans le même temps, l’activité redémarre fortement en Allemagne où les immatriculations ont bondi de 22 % le mois dernier.

Du fait de l’importance de ses stocks et de la faiblesse de son activité, l’industrie automobile française a considérablement réduit sa production. La plupart des entreprises de ce secteur ont mis un terme à leurs contrats d’intérim, n’ont pas renouvelé les contrats de leur personnel en CDD et sont passées d’une organisation de leur production en 3 x 8 à une organisation en 2 x 8. Les sous-traitants de l’industrie automobile sont les premiers touchés et les plans sociaux s’y multiplient.

Or, alors qu’il est possible de prendre livraison, en France, d’une automobile de marque étrangère trois à quatre semaines après sa commande, ce délai, que l’on peut considérer comme normal, est de trois à quatre mois lorsqu’il s’agit de prendre livraison d’un véhicule de marque française. Ce, dans toutes les régions, quel que soit le constructeur et quelle que soit la gamme du véhicule commandé. C’est incompréhensible.

Cette différence est inquiétante parce qu’elle aggrave la situation du secteur et va entraîner davantage encore de suppressions d’emplois. Comment expliquer ce hiatus entre les faits et les discours des constructeurs et comment allez-vous remédier à un comportement qui incite à l’achat de véhicules étrangers ?

M. Hervé Novelli, secrétaire d’État chargé du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des services .  

Vous avez raison, la prime à la casse voulue par le Président de la République a connu un extraordinaire succès ; aussi a-t-elle été imitée par nos partenaires et c’est ainsi que le marché allemand a fait un bond de 20 %. Nos constructeurs n’ayant pas anticipé un tel succès, des tensions sont apparues.

Cette prime ne peut cependant tout résoudre à elle seule. C’est pourquoi, dès le 9 février, le Président de la République a annoncé un pacte automobile. La réactivité en est le maître-mot. Nos constructeurs ont ainsi bénéficié de prêts et de soutiens, l’État ayant débloqué 6,5 milliards à leur intention et 2,5 milliards pour les banques des constructeurs. Oseo apporte sa garantie jusqu’à 90 % des crédits aux sous-traitants de la filière. Enfin, l’indemnisation du chômage partiel a été élargie.

L’avenir s’articule autour du plan « véhicules décarbonés », 250 millions étant consacrés aux projets « verts ». Le crédit impôt recherche est l’outil le plus puissant des pays développés parce que l’innovation est la clef de la croissance. La suppression de la taxe professionnelle, que vient d’évoquer Mme Lagarde, jouera aussi en faveur de nos constructeurs.  Le Gouvernement est mobilisé. Il ne laissera pas tomber l’industrie française. »

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