Point de vue : Un débat aussi inapproprié que dangereux

Coran1[1]

Suite à l’annonce de l’ouverture d’un débat sur la laïcité et la place de l’islam, qu’organise l’UMP le 5 avril à la demande de Nicolas Sarkozy, je tiens à exprimer mes doutes non seulement quant à l’opportunité mais aussi surtout quant à la pertinence d’un tel débat.

En effet, à l’image du calamiteux débat sur l’identité nationale qui a eu lieu l’an dernier, c’est une initiative qui risque de créer plus de tensions et de problèmes qu’elle n’en résoudra. L’annonce a d’ailleurs suscité de nombreuses réserves jusque dans les rangs même de l’UMP, notamment du Premier Ministre, qui a certainement perçu le risque de ce type d’initiative.

Le but annoncé est de discuter du concept de la laïcité, et d’adapter la laïcité française à une situation nouvelle, mais derrière ces bonnes intentions le risque n’est-il pas surtout de stigmatiser toute une communauté ? Nul n’ignore aujourd’hui qu’il y a dans la société française de la part de certains un sentiment d’islamophobie et de peur de l’étranger. Un amalgame étant par ailleurs souvent fait avec la religion musulmane et l’islamisme. Tout cela le FN l’exploite.

Je tiens à rappeler que la concertation existe avec les autorités de toutes les confessions depuis de nombreuses années, c’est d’ailleurs nécessaire. Des chercheurs, penseurs, militants ou religieux sont consultés quotidiennement sur les questions d’islam et de laïcité. Que penser donc de l’annonce d’une telle conférence si ce n’est qu’elle répond plus à des considérations opportunistes qu’à une réelle volonté de provoquer un dialogue qui existe depuis des années.
Que va-t-il se dire de nouveau lors des discussions ? Assurément rien de plus que ce qui ressort des consultations permanentes des représentants et fidèles musulmans. A mon sens, seules des polémiques et des tensions peuvent émerger de cette consultation ainsi organisée.

A l’heure où il nous faut plus rassembler que diviser, ce débat mal emmanché risque une fois de plus de mettre en danger la cohésion nationale.

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