La Commission pour la nouvelle télévision publique (dite « commission Copé »), à laquelle j’appartiens, a engagé une vaste réflexion sur l’avenir de l’audiovisuel public. Au sein de cette commission, je participe aux travaux de l’atelier « modèle culturel et de création » qui s’intéresse aux contenus et s’interroge sur l’identité des chaînes publiques et particulièrement celle de France 3. Pour ma part, je plaide pour que cette réforme de la télévision publique soit l’occasion de faire de France 3 une véritable télévision à vocation régionale.
Aujourd’hui, France 3, chaîne nationale, exprime sa vocation régionale par des décrochages régionaux qui représentent moins de deux heures de programmes par jour, dont les trois quart sont consacrés à l’information. Alors que France 3 se présente comme la « chaîne de régions », on constate qu’elle n’est pas perçue ainsi par le public. Il faut dire que son identité éditoriale sur le reste de la grille, hormis l’information, n’est pas frappante.
Pourtant, France 3 dispose de nombreux atouts, notamment en termes de maillage du territoire, d’implantation, de compétences techniques et humaines, notamment grâce aux unités régionales de production. Malheureusement, force est de constater que ces unités ne servent pas à produire des programmes locaux mais des programmes pour la chaîne nationale et que les programmes de fiction, la diffusion de court-métrages et de documentaires sont les parents pauvres.
Il faut donc renforcer la dimension régionale du service public. A mon sens, il faut profiter de la réforme à venir pour entreprendre une véritable décentralisation et modernisation du réseau France 3. Cette chaîne publique régionale mettrait en valeur les caractéristiques de chaque région notamment leur richesse culturelle, associative, historique et linguistique pour certaines (Alsace, pays Basque, Bretagne….) en relayant, diffusant et retransmettant les manifestations publiques, festives, culturelles (comme par exemple la captation d’un spectacle vivant en région) et les évènements sportifs.
Cela contribuerait fortement au renforcement de la vie régionale elle-même. On redonnerait ainsi sa vocation première à France 3 en en faisant la chaîne des régions et un véritable média de proximité. En affirmant sa dimension régionale, France 3 y gagnerait en lisibilité en se distinguant de France 2.
Pour cela, il faut donner de la souplesse à France 3 en adaptant, si nécessaire, les dispositions législatives et réglementaires permettant à cette chaîne de devenir le véritable reflet de la vie régionale dans tous ses aspects, toutes ses activités et toutes ses diversités. Elle pourrait ainsi faire face à la concurrence croissante des télévisions locales et régionales privées.
Ce renforcement régional de France 3 permettait en outre de soutenir et de développer la production audiovisuelle locale, en s’appuyant sur le réseau des producteurs et réalisateurs locaux, dont le potentiel est aujourd’hui sous exploité. Cette réforme amène à traiter les questions des diffuseurs, des filières audiovisuelles, du rôle des créateurs locaux, du tissu de producteurs locaux, de la meilleure utilisation des moyens de production et du renforcement des productions à vocation régionale ou nationale produites en régions. Elle permettrait également d’adapter les horaires de diffusion aux situations régionales et aux spécificités locales, notamment pour les heures d’audience.
Faisons de France 3 un véritable acteur régional en lui donnant les outils et les moyens de devenir une vraie chaîne des régions.