A l’heure où Rouen se mobilise ces 16 et 17 septembre pour faire vivre notre patrimoine, parait le rapport d’étape de la mission d’information sénatoriale sur l’entretien et la sauvegarde du patrimoine architectural dont je fais partie. Ce rapport, que nous avons été plusieurs à souhaiter alarmés par les baisses ou les gels des crédits alloués à la restauration du patrimoine, confirme nos inquiétudes.
Nul doute que lors de l’examen de la loi de finances 2007 il faudra, une fois de plus, interpeller le ministre de la culture, comme nous le faisons depuis deux ans, pour obtenir des financements pérennes afin de mettre un terme aux fréquents arrêts de chantiers. Ce n’est pas, en effet, les 100 millions d’euros issus de la privatisation des autoroutes qui compenseront les besoins criants.
Nul doute aussi qu’au delà d’un budget public sanctuarisé, les fonds privés issus du mécénat seront les bienvenus ; encore faudrait-il que les dernières dispositions incitatives soient mieux connues des entreprises qui ont la volonté de développer une politique citoyenne dans ce domaine.
Dans cette période de vaches maigres, je tiens à souligner le travail remarquable de la Fondation du Patrimoine dont j’ai l’honneur d’être administrateur. Cet organisme privé créé par la loi du 2 juillet 1996, dont l’efficacité repose sur le découpage des actions par région, œuvre à la réhabilitation du patrimoine en voie de disparition non protégé par l’Etat et vient intelligemment compléter l’action des collectivités. C’est ainsi par exemple qu’à Rouen, la convention que la ville a passée avec la Fondation pour les travaux de réouverture du Muséum d’Histoire Naturelle fermé depuis 10 ans par Yvon Robert, a permis de compléter le plan de financement de l’opération. Même si cet apport reste modeste au regard de l’enveloppe globale votée par la ville (50 000 euros pour une enveloppe budgétaire de 1,4 millions d’euros), le symbole est important.
C’est en effet grâce à une mobilisation de tous les financements publics comme privés que nous parviendrons à sauvegarder et valoriser ce patrimoine si riche et si diversifié qui fait la fierté de notre pays .
La gauche au pouvoir pendant 20 ans a longtemps considéré comme tabou la question du financement privé et continue parfois de suspecter le mécénat. Localement la région socialiste se distingue en étant une des rares régions (7 sur 22) à avoir refusé de conventionner avec la Délégation régionale de la Fondation sous prétexte que le patrimoine n’était pas de sa compétence ! Quel dommage pour des motifs idéologiques de priver les acteurs locaux des dispositifs qui pourraient leur être offerts !