La presse s’est fait l’écho la semaine dernière de propos de Laurent Fabius annonçant l’arrêt probable du chantier de la Médiathèque de Rouen, la majorité PS ne voulant pas entendre parler « ce projet élitiste, excentré et inaccessible ». Je m’ interroge d’abord sur la légitimité d’une telle déclaration, estimant qu’il appartient aux élus de la ville de Rouen, et à son maire en l’occurrence, de se prononcer sur ce sujet.
Je m’étonne que le nouveau président de l’agglomération remette ainsi brutalement en cause un projet soutenu par son prédécesseur, François Zimeray, la Médiathèque ayant été inscrite au contrat d’agglomération et ayant bénéficié de subventions concernant notamment le volet informatisation du réseau. La grande médiathèque de Rouen, de par ses capacités et ses fonds de référence, doit en effet fonctionner comme tête de réseau de l’ensemble des bibliothèques et médiathèques de moindre importance de l’agglomération.
J’estime que qualifier la Médiathèque de « projet élitiste » est un contresens et atteste de la méconnaissance totale qu’a l’élu du Grand Quevilly du projet rouennais, la médiathèque ayant précisément pour vocation, en regroupant les fonds anciens et contemporains en un seul et même lieu et en faisant appel aux technologies les plus innovantes dans le domaine de l’image et du son, d’accueillir le public le plus large possible. La conception du bâtiment, les services offerts, les installations prévues pour les publics porteurs de handicaps ont été voulus et pensés de manière à ce que l’équipement soit le lieu où se croisent toutes les catégories de publics et toutes les générations.
Je suis également choquée de la légèreté avec laquelle l’ancien Ministre du budget de François Mitterrand annonce qu’il « paiera les dédits qu’il faudra ». Le chantier de la médiathèque est en effet très avancé ; le 2ème étage est en cours de réalisation, 15 millions d’euros ont déjà été engagés. Ce serait sans compter les dédits très importants qu’il y aurait à payer à l’architecte et aux entreprises et les contentieux qui ne manqueraient pas de suivre.
Que deviendrait alors le bâtiment ? Serait-il voué à être ,comme on nous le promet déjà, un 2ème Palais des Congrès ? Peut-on imaginer que l’Etat qui finance 30% du montant des travaux et qui a déjà lui-même engagé ses propres financements accepte ce gâchis et de financer un nouveau projet, nouveau projet qui coûterait alors combien et mettrait combien de temps à se réaliser ?
Stopper la médiathèque en cours de construction serait renoncer, comme l’a déjà fait Yvon Robert en 2001, mais cette fois définitivement, à un grand projet de médiathèque à vocation régionale dont les habitants ont tant besoin.