Réforme de l’orthographe

Une décision unilatérale inopérante pour répondre à l’urgence qu’est la lutte contre l’illettrisme 

Alors que la généralisation prochaine de la réforme de 1990 prévoyant la simplification de l’orthographe de certains mots dans les manuels scolaires du primaire a été récemment rendue publique, je m’interroge sur la méthode employée par le Ministère de l’Education nationale ainsi que sur le fond de cette réforme.

En premier lieu, ce changement fondamental n’a pas fait l’objet de débats ouverts et publics. Il ne s’agit que de quelques lignes très -trop?- discrètes parues au Bulletin officiel de l’Education nationale le 26 novembre dernier, faisant référence aux rectifications orthographiques publiées par le Journal officiel le 6 décembre 1990.

De plus, contrairement aux affirmations de la ministre de l’éducation nationale, cette réforme n’a jamais été approuvée par l’Académie.

En 1989, l’Académie française avait en revanche adopté à l’unanimité une déclaration qui rappelait son opposition à toute modification unilatérale et arbitraire de l’orthographe, tout en rappelant qu’il n’appartenait pas au pouvoir exécutif, législatif ou administratif de réglementer la langue française. « Seul l’usage peut rendre compte des évolutions naturelles de la langue, pas le politique. 

L’Académie, sollicitée afin de rendre un avis sur les travaux du Conseil supérieur de la langue française sur le sujet, avait ensuite voté le 3 mai 1990 un texte marquant son adhésion aux grands principes du projet en préparation: refus de toute définition autoritaire des normes orthographiques et sanction de l’usage pour les rectifications proposées . Il ne s’agissait donc en rien d’une bénédiction donnée au fond de la réforme en lui-même, argument pourtant invoqué aujourd’hui par le gouvernement pour la faire entrer en application dès la prochaine rentrée.

Comme la Secrétaire Perpétuelle de l’Académie française, j’estime que le véritable enjeu n’est pas cette réforme : c’est la connaissance même de la syntaxe et de la grammaire qui se pause pour de nombreux écoliers. L’urgence est de réformer profondément notre système éducatif pour que les savoirs fondamentaux soient enfin maitrisés avant l’entrée en 6ème.

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