Suppression des subventions aux Conservatoires : « La gauche sacrifie la Culture sur l’autel de Bercy »

Je déplore le choix du Ministère de la Culture et de la Communication de supprimer totalement les quelques rares subventions attribuées aux conservatoires. 

L’« Acte II de la Décentralisation » de 2004 comprenant un volet « enseignements artistiques », avait confirmé dans ce domaine la compétence de chacune des collectivités, et que les transferts de crédit de l’Etat vers ces dernières étaient bien prévus. Les sommes en jeu étaient sans doute modestes, mais dès juillet 2008, j’avais signalé dans un rapport les blocages qui perturbaient la mise en œuvre de la réforme et en mai 2014, face à l’inertie d’un grand nombre de régions et du gouvernement, j’avais déposé une proposition de loi complétant ainsi le dispositif et prévoyant le transfert des crédits vers les régions, charge à elles de les reverser aux collectivités porteuse de conservatoires.

Alors que le gouvernement a imposé une réforme des rythmes scolaires qui génère pour les collectivités des charges nouvelles, que la place qui semblent réserver dans les nouveaux programmes scolaires aux enseignements artistiques semble se réduire et que dans le même temps, il proclame l’importance qu’il prétend accorder à l’éducation artistiques et culturelle, la suppression des crédits accordés aux conservatoires offre un fort symbole d’incohérence. Comment prétendre viser à une démocratisation de l’accès à ses structures si on contribue à réduire leurs moyens ? Comment par ailleurs interpréter la loi « NOTRe », qui prévoit que la compétence « culture » reste une compétence partagée entre l’Etat et les différentes collectivités locales, si l’Etat lui-même se montre incapable de construire une relation de confiance quant à ses engagements ? 

Il est certes nécessaire aujourd’hui d’élargir les missions et les capacités d’accueil des institutions culturelles qui maillent notre territoire, mais cela suppose une réelle confiance entre les tous les acteurs, permettant ainsi d’instaurer des partenariats durables. Rares sont les décisions récentes du gouvernement et du ministère de la Culture qui vont dans le sens de cette confiance nécessaire et par contre coup elles marquent l’abandon des ambitions portées depuis des décennies par nos politiques culturelles. 

Le cas des Conservatoires en Haute-Normandie est symptomatique du désengagement de l’Etat et du manque flagrant de volonté politique de la part des autres collectivités de prend leur part de responsabilité dans ce domaine. Je  déplore toujours l’absence d’implication de la Région Haute-Normandie dans le financement de ce qui lui revient au sein des conservatoires. Comme une majorité de présidents de régions socialistes, Nicolas Mayer-Rossignol, tout comme son prédécesseur, Alain le Vern refuse d’appliquer la loi de 2004 relative aux libertés et responsabilités locales laissant ainsi aux villes du Havre, de Rouen, d’Evreux et de Petit et Grand Couronne la responsabilité de porter seules ces établissements. Une double peine financière qui intervient après la diminution drastique des dotations de l’Etat. Rappelons que la ville de Rouen assume seule près de 85% du budget du Conservatoire à Rayonnement Régional qui s’élève aujourd’hui à  4,37 Millions d’euros. La perte de la subvention de l’Etat de 182.000 euros va peser sur les Rouennaises et les Rouennais alors que le conservatoire de Rouen est établissement supra-communal. Que fait le Maire de Rouen pour résoudre cette question d’un cofinancement aujourd’hui vital.

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