Mercredi dernier, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, que je préside a autorisé à l’unanimité la publication du rapport de la mission d’information sur l’orientation scolaire, établi par M. Guy Dominique Kennel (Les Républicains, Bas-Rhin). Créée au printemps 2015, la mission d’information sur l’orientation scolaire compte quinze sénateurs, issus de l’ensemble des groupes politiques, et est présidée par M. Jacques-Bernard Magner (Socialiste et républicain – Puy de Dôme).
Le rapport élabore des recommandations pour insuffler une nouvelle ambition à l’orientation scolaire, afin que celle-ci procède d’un choix éclairé de l’élève et constitue la mise en œuvre d’un projet personnel, répondant à ses aspirations et permettant une insertion professionnelle épanouissante.
• Cette nouvelle ambition nécessite de clarifier les objectifs du système éducatif en matière d’orientation : l’insertion professionnelle des diplômés doit devenir un objectif majeur de l’éducation nationale, en sus des objectifs de qualification académique. Le système éducatif doit s’intégrer pleinement dans une logique de qualification tout au long de la vie, en développant l’offre de formation continue.
• Le rapport préconise également de donner davantage de lisibilité et de cohérence à l’organisation des acteurs de l’orientation, notamment par le transfert du réseau Information Jeunesse et des CIO aux régions, les conseillers d’orientation-psychologues bénéficiant d’un droit d’option. Le rapport préconise également de réaffirmer la place centrale des enseignants dans le conseil en orientation, en renforçant leur formation initiale et continue en la matière et en valorisant la fonction de professeur principal.
• Afin de faire de l’orientation un parcours progressif et cohérent dont chaque élève est l’acteur, le rapport propose de :
– prévoir un horaire dédié au profit du parcours Avenir ;
– repenser les modalités de découverte de l’entreprise, en multipliant les immersions brèves au collège et en introduisant un stage plus long au lycée général et technologique ;
– prendre en compte d’autres critères que les notes pour l’orientation et l’affectation des élèves, en particulier leurs compétences et leur motivation ;
– généraliser les classes de seconde professionnelle à spécialisation progressive ;
– faciliter les transitions entre les filières, par le développement des « parcours montants » et de stages de mise à niveau, et en faisant du lycée polyvalent la norme ;
– mieux associer les parents d’élèves, en donnant à l’élève et à sa famille le choix de son orientation en fin de collège, qui doit s’accompagner d’un travail d’accompagnement, notamment par des rendez-vous réguliers entre l’élève, ses parents et l’équipe éducative.
• Le rapport recommande de rendre l’offre de formation plus réactive et de renforcer la transparence et la lisibilité des procédures d’affectation AFFELNET et Admission post bac. L’orientation vers l’enseignement supérieur doit être améliorée, en particulier par le renforcement des liens « bac-3/bac+3 », l’amélioration de l’information sur les taux de réussite et d’insertion des différentes formations, la création d’une année de césure post bac et la généralisation des commissions d’orientation du supérieur. Pour mettre fin au scandale que constitue le tirage au sort, il convient d’instaurer une sélection juste à l’entrée des formations à capacité d’accueil limitée par l’édiction de prérequis transparents.
• La valorisation de l’enseignement professionnel ne doit pas rester un vain mot. Celle-ci peut être poursuivie par la mise en avant des nombreuses réussites de l’enseignement professionnel, le développement des parcours mixtes, dans lesquels les élèves peuvent allier formation en alternance et sous statut scolaire, ainsi que de la mixité des publics dans les classes. Enfin, un effort particulier doit être fait pour encourager la mobilité des lycéens professionnels et des apprentis, ces derniers devant bénéficier de l’ensemble des avantages accordés aux étudiants.
• Enfin, le monde économique doit être davantage associé à la vie des établissements. Afin d’améliorer la connaissance mutuelle de l’école et de l’entreprise, le rapport propose l’introduction de stages obligatoires en milieu professionnel pour les enseignants et la présence d’un représentant du monde professionnel au sein des conseils des ÉSPÉ. Les parents d’élèves constituent une ressource auxquels les établissements devraient faire davantage appel dans le cadre du parcours Avenir. La place des représentants du monde économique dans la gouvernance des établissements doit être consolidée : à titre expérimental, la présidence du conseil d’administration d’un lycée pourrait être confiée à une personne extérieure.
Je salue la qualité des recommandations formulées par le rapport, souhaitant que celles-ci trouvent un prolongement dans un avenir proche. La commission demandera l’organisation d’un débat en séance publique à la rentrée, afin que l’ensemble des sénateurs puissent s’approprier ce sujet d’importance, qui touche à l’avenir de notre jeunesse.