A propos de la CREA : un projet au rabais

L’ordre du jour du Conseil municipal du 17 octobre dernier à Rouen était tout entier consacré à l’adoption de la délibération relative à la CREA, la communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe. Je m’interrogeais déjà le 11 septembre dernier sur ce blog sur la méthode, le contenu et l’ambition de ce projet. L’attitude du maire lors du conseil municipal ayant contraint le groupe d’opposition Centre Démocrate Indépendant à quitter la séance, aucune discussion sur le projet n’a été possible (voir l’article à ce sujet sur le blog du groupe d’opposition). Je tenais néanmoins à vous faire partager mon analyse sur cette question.

Du point de vue de la méthode, le procédé mis en place par Monsieur Fabius et relayé au niveau de la ville de Rouen par Madame Fourneyron témoigne d’un réel mépris pour la démocratie. La CREA, c’est quatre communautés de communes qui fusionnent, or avant ce mariage, jamais l’ensemble des maires concernés n’aura été réuni pour évoquer le projet. En ce qui concerne la municipalité rouennaise, Monsieur Sanchez, pilote de ce projet, n’est venu que l’avant-veille du conseil municipal nous présenter un projet tout ficelé. Plus ennuyeux, aucune consultation citoyenne n’a été organisée sur ce sujet d’importance. Plutôt curieux quand on connait l’attachement du maire de Rouen à la démocratie participative…

Indépendamment de ce déficit de méthode et de partage du projet, il convient de noter que la création de la CREA aurait mérité un meilleur timing compte tenu de la réforme annoncée des collectivités territoriales et des incidences fiscales qui en découlent.

Du point de vue du contenu, le projet présenté est clairement un projet « au rabais ». Il a été élaboré dans la précipitation, au détriment d’une réflexion salutaire et concertée sur son objet, sa pertinence et ses ambitions. Le périmètre finalement retenu en est l’exemple le plus criant : alors que Monsieur Fabius avait initialement annoncé un projet de grande communauté urbaine, il se contentera d’une communauté d’agglomération élargie, faute de se donner la peine de rallier certaines agglomérations, telles que celles de Barentin et de Louviers-Val de Reuil à son projet. Celles-ci représentaient en cohérence avec la ville centre un potentiel indéniable de développement autour de l’axe Seine. A contrario, il a forcé la communauté Seine-Austreberthe qui n’en voulait pas à se rallier au projet. Les avantages prétendument escomptés, notamment pour notre ville, ne peuvent convaincre. De trop nombreuses incertitudes demeurent. On nous annonce des redistributions de dotations supplémentaires par ville pour la première année mais n’avons aucun garantie pour l’avenir. Un grand flou persiste sur la prise en charge de certains équipements communautaires ainsi que sur la répartition des compétences entre la communauté et les communes. Que restera-t-il aux maires ? On peut comprendre l’inquiétude des petites communautés rurales entrantes.

En l’absence de projet structurant dans les domaines économique, environnemental, culturel et social, compte tenu de l’absence de concertation approfondie et organisée, je n’ai pas voulu cautionner ces choix qui engage notamment l’avenir de notre ville. Particulièrement attachée à une intercommunalité qui correspond à un véritable projet Politique.

Retrouvez l’intervention prévue pour le conseil municipal du 17 octobre et annulée de fait par la tournure prise par la séance.

Partager CE CONTENU

Partager sur facebook
Partager sur google
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur print
Partager sur email